Chanvre

Certains territoires régionaux ont été jusqu’à un passé récent des bassins de production de chanvre. La renaissance de l’intérêt de cette plante pour les débouchés en éco-construction et même essentiellement en éco-rénovation a permis à différents groupements de producteurs de voir le jour.

Le chanvre peux être utilisé en voie sèche (laine) ou humide (béton de chanvre). Ce dernier est réputé particulièrement compatible en rénovation avec les bâtiments en tuffeau. Pour un éco-bilan positif, le chanvre apporte une isolation thermique et acoustique très intéressante, tout en régulant l’humidité sous sa forme béton.

intérêts du chanvre

En tant que culture et matériau, le chanvre présente de nombreux intérêts : agronomiques, environnementaux, industriels, énergétiques.

 

Intérêts agronomiques

Une culture sans pesticides
Le chanvre est une plante robuste, sa culture ne nécessite pas d’irrigation et l’emploi d’aucun pesticide. Par conséquent, cette culture est particulièrement bien adaptée à des méthodes de production en agriculture biologique et à des systèmes de cultures économes en intrants.

Une très bonne tête d’assolement
En plus de ses intérêts en terme d’économie d’intrants réalisé lors de son cycle de production, le chanvre présente de nombreux intérêts au niveau de l’ensemble du système de cultures. Son système racinaire puissant permet d’améliorer la structuration du sol qui aura un effet bénéfique sur l’ensemble de la rotation. Son développement rapide et son caractère très couvrant lui confère des propriété de plante « nettoyante » qui permet de limiter la pression des adventices pour les cultures suivantes. Son cycle cultural étant court, le chanvre libère les terre relativement tôt pour la culture des céréales.

Une diversification des assolements
L’introduction du chanvre dans un système de production permet de diversifier les assolements et d’allonger les rotations. Cela constitue l’un des meilleurs moyens pour diminuer la pression parasitaire et pour mieux valoriser les conditions agronomiques locales. C’est, par ailleurs, une plante photopériodique qui peut s’adapter à de nombreux territoires et à des conditions pédoclimatiques variées.

Intérêts environnementaux

Moindre contribution à l’effet de serre
Le chanvre se substitue à des matériaux minéraux traditionnellement utilisés dans l’habitat (laine de verre minérale, béton de sable-ciment, etc.) et peu « Kyoto compatibles ». Ce sont en effet des matériaux très énergivores et qui occasionnent de fortes émissions de CO2 lors de leur fabrication alors que un hectare de chanvre permet de fixer durablement 15 tonnes de CO2 dans les fibres végétales et donc de lutter contre l’augmentation de l’effet de serre. Une fois mis en oeuvre dans le bâtiment le chanvre permet de stocker ce carbone de manière pérenne. Ainsi, un mètre carré de mur en mortier de chanvre permet de stocker 35 kg eq CO2.

Économie des ressources
La culture, la transformation et la mise en oeuvre du chanvre n’exerce qu’une très faible pression sur les ressources naturelles et permet par conséquent de limiter les pollutions de l’air, de l’eau et des sols et de préserver les milieux naturels et la biodiversité.

Confort naturel et santé des habitants
Les matériaux chanvre ont un fort pouvoir isolant qui inhibe les déperditions de chaleur permettant par conséquent des économies d’énergies pour le chauffage ou la climatisation. Enfin, le pouvoir perspirant du matériau apporte un confort thermique et acoustique à l’habitation qui en font un matériau sain pour les habitants.

 

Intérêts énergétiques

 

On appelle « énergie grise » l’énergie nécessaire à la fabrication d’un bien, incluant l’extraction ou la récolte, la transformation, la commercialisation (emballage, transport, stockage et vente) jusqu’au stade ultime de son élimination. L’énergie grise d’un matériau correspond donc à la quantité d’énergies consommée pour la fabrication de ce matériau tout au long de son processus d’obtention jusqu’à son élimination. Ainsi, il paraît intéressant de comparer, pour un même volume, l’énergie grise de matériaux à base de chanvre avec l’énergie grise de matériaux traditionnels équivalents. Prenons l’exemple d’un isolant végétal à base de chanvre (fibre ou laine de chanvre) et celui d’un isolant minéral à base de fibre de verre (laine de verre). Un panneau de laine de chanvre et un panneau de laine de verre ont à peu près le même pouvoir isolant, mais la laine de verre nécessite plus d’énergie pour être fabriquée (notamment pour la fonte du verre) : elle aura donc une énergie grise plus élevée : l’énergie grise de la laine de chanvre est de 40 kWh35/m3 et celle de la laine de verre est de 250 kWh/m3. Ainsi, la fabrication de panneaux de laine de verre isolante demande 6 fois plus d’énergie grise que celle de la laine de chanvre. Le coefficient utilisé pour convertir les kWh en TEP est de 1000 kWh = 0,086 TEP. La fabrication d’un mètre cube de laine de chanvre nécessite donc la consommation de 3,44 kg équivalent pétrole alors que la fabrication d’un mètre cube de laine de verre nécessite la consommation de 21,5 kg équivalent pétrole.

 

Intérêts industriels et commerciaux

Il existe une demande de plus en plus forte pour des matériaux sains, renouvelables et naturels de la part des artisans comme du grand public Ces matériaux constituent donc un démarquage commercial certain avec un débouché assuré.

Il s’agit d’un matériau naturel, non-toxique et qui ne présente pas de risques majeurs pour les manipulateurs. La culture et le process de transformation est relativement simple et ne nécessite pas l’emploi de produits chimiques. La production et la transformation du chanvre ne comporte donc pas de dangers d’intoxication.

Enfin, un des avantages supplémentaires de l’usage de ces matériaux à base de fibres végétales est que les déchets de chantier sont entièrement recyclables par simple compostage. La déconstruction des matériaux issus de végétaux participe aussi de la plus-value environnementale : tout comme les déchets de chantier, ils peuvent être compostés. Plus qu’un déchet, ils constituent même une ressource valorisable.

Articles